Directoire religieux

de la Fédération du Scoutisme Européen

“Si la F.S.E. a pour but immédiat la création de liens étroits entre jeunes européens, son but plus lointain mais aussi ardemment poursuivi tend à la réunion des Églises séparées depuis tant de siècles. Que de façon constante soit rappelé aux membres de la Fédération le scandale de la division des Chrétiens et la nécessité de travailler à l’unité du Corps mystique de l’Église.” (Extrait du Directoire religieux : Cologne, le 2 novembre 1957).

ART. 1. Le scoutisme a été voulu par son fondateur comme une méthode d’éducation la plus complète possible : elle englobe, nécessairement, l’éducation religieuse. “Le scout est un croyant, et je répudie toute forme de scoutisme qui n’a pas la religion pour base” (Baden-Powell). Il paraît clair que les nécessités de l’organisation du mouvement scout ne peuvent, en aucun cas, prévaloir sur celles de l’éducation de ses membres. Il faut, au contraire, s’efforcer d’établir des structures qui permettent le plein épanouissement religieux de tous les jeunes : le scoutisme est une méthode d’éducation qui doit se mettre au service de la vie surnaturelle, et non l’inverse.

ART. 2. La Fédération du Scoutisme Européen fait profession de foi chrétienne. Elle pose l’ensemble de ses actes et de ses décisions selon les règles de cette foi. L’unité de l’Europe s’est réalisée dans la chrétienté. Le christianisme a constitué l’élément animateur d’une civilisation européenne commune, différenciée dans ses moyens d’expression, mais solidaire dans son esprit, ses conception sociales, ses institutions et son patrimoine de valeurs culturelles. La F.S.E. pense que l’Europe peut connaître un renouveau de civilisation chrétienne grâce à des hommes qui sauront que leur destin surnaturel dépasse les structures temporelles et réaliseront les exigences de l’Évangile dans leur vie de tous les jours. La F.S.E. désire contribuer à l’unité d’une Europe ouverte à tous les pays du monde en travaillant à faire naître une nouvelle fraternité des peuples dans le Christ.

ART. 3. La F.S.E. donne le primat à la vocation de tout chrétien à la sainteté. Un scout ou une guide doit vivre sa promesse, les principes et la loi selon les exigences du sermon sur la Montagne, véritable charte de toute vie chrétienne. En ce sens, la F.S.E. est appelée à être, toujours davantage, un moyen de sanctification dans l’Église, un moyen qui favorise et encourage une union plus intime entre la vie concrète de ses membres et leur foi. Dans ce but, la F.S.E. développe à tous les niveaux une pédagogie spécifique notamment à travers ses revues, ses camps-écoles pour la formation des chefs, ses activités nationales et fédérales. Plus particulièrement, la F.S.E. considère que l’éducation différenciée des filles et des garçons au sein d’unités de vie distinctes constitue un point essentiel de sa pédagogie. Le parallélisme et l’enrichissement mutuel des deux sections, masculine et féminine, permettent le plein épanouissement des aptitudes et des inclinations imparties dans le plan providentiel à chacun de deux sexes 40. Comme le formule la loi, le scout ou la guide est l’ami de tous et le frère de tout autre scout. A ce titre, la F.S.E. se situe au sein de la grande famille des scouts et des guides et travaille à édifier avec eux, dans l’esprit de Baden-Powell et dans le cadre de son projet éducatif original, une société plus juste et plus fraternelle.

ART. 4. Le chrétien appartient à l’Église visible du Christ, participe à sa vie liturgique et sacramentelle, et en reçoit les directives d’action. Si, au plan fédéral, la Fédération du Scoutisme Européen ne peut être liée dans sa totalité à une seule Église, tout membre de la F.S.E. doit, en revanche, appartenir à une Église ou se préparer à cette appartenance. La F.S.E. accepte seulement des jeunes et des associations appartenant à l’une des Églises suivantes: L’Église catholique, L’Église orthodoxe ou l’une des Églises évangéliques issues de la Réforme confessant la divinité du Christ et reconnaissant le Symbole des apôtres comme définition de la foi. Toute unité guide ou scoute de la F.S.E. doit se situer clairement par rapport à l’une de ces Églises. Nul ne peut prononcer la Promesse scoute (ou guide) s’il n’est pas baptisé. On peut cependant admettre à la promesse un scout (ou une guide) engagé dans la formation catéchuménale.

ART. 5. Chaque Église a de l’éducation une conception bien précise. Il n’est pas concevable que la religion puisse être matière d’enseignement séparé; celle-ci doit baigner de sa lumière la totalité des connaissances communiquées et la totalité des activités pratiquées. Dans une conception du scoutisme fidèle à la pensée de Baden-Powell, il ne saurait être admis que l’on sépare la vie religieuse de la vie technique de l’unité. Le plein épanouissement religieux des jeunes exige donc que leurs chefs appartiennent à la même Église qu’eux, professent la même doctrine, participent à la même vie liturgique et sacramentelle. C’est pourquoi la F.S.E. regarde comme une situation normale que les communautés nationales de Guides et Scouts d’Europe constituent des associations confessionnellement homogènes, spirituellement animées et guidées par leurs Églises tant au plan local qu’à l’échelon national. Les chefs, à tous les échelons, ont le devoir de favoriser le ministère des conseillers religieux auprès des jeunes qui leur sont confiés. Il est important que les conseillers religieux approfondissent leur connaissance de la méthode scoute, de façon à tenir compte, dans leur pastorale, des spécificités propres au scoutisme et au guidisme, tout en veillant à ne pas se substituer aux chefs laïcs. Les jeunes, plus particulièrement les jeunes chefs, ne doivent pas être regardés simplement comme l’objet de la sollicitude pastorale des Églises : ils doivent être encouragés à devenir ce qu’ils sont de fait, à savoir des sujets actifs qui prennent part à l’évangélisation et à la rénovation sociale du monde qui les entoure.

ART. 6. Dans un pays où cohabitent plusieurs confessions chrétiennes, des unités scoutes ou guides appartenant aux diverses Églises chrétiennes peuvent coexister dans une même association, chaque groupe accueillant des jeunes d’une même Église. Cependant un jeune chrétien peut, à titre exceptionnel, intégrer une unité appartenant à une autre confession chrétienne que celle dans laquelle il a été baptisé, dans le cas où n’existe pas, à proximité de son lieu d’habitation, de groupe relevant de sa confession. Les chefs veilleront alors à ce que les parents du jeune soient personnellement et directement informés du caractère confessionnel propre à ce groupe et s’assureront que ceux-ci donnent bien leur accord à l’intégration de leur enfant dans cette unité. Dès qu’il est possible, l’association nationale met en place pour chaque Église une équipe d’animation religieuse constituée de chefs et de conseillers religieux, en vue, notamment, d’assurer la conformité de la pédagogie de la foi aux directives des Églises respectives. L’association nationale veillera à ce que chaque Église soit représentée dans les instances de l’association au niveau régional et/ou national.

ART. 7. A l’âge de l’éducation, qui est celui de l’enfance et de l’adolescence, on ne peut, certes, mettre en contact habituel, sans nécessité, des jeunes de confessions différentes au risque de les mettre sur la voie du relativisme et du scepticisme. Aucun mélange intempestif ne doit donc se produire, sous prétexte d’unité: il est indispensable, à cet âge, que chacun demeure, pleinement et totalement, dans la fidélité à son Église, rendant ainsi un témoignage véritable et sincère de la foi dont il est justement fier. Mais, aux Routiers et Guides aînées qui vont entrer dans la vie, le scoutisme d’Europe offre des possibilités de rencontres interconfessionnelles, dont le bienfait ne saurait être perdu. Au niveau des chefs, un tel dialogue est non seulement bienfaisant mais indispensable: face aux divers matérialismes ambiants, qu’ils soient d’origine marxiste ou autre, au développement des sectes, à l’indifférence religieuse, ceux-ci ont le devoir de travailler activement à construire le réseau humain qui témoignera dans le monde de l’universalité de l’Église du Christ.

ART. 8. En toute occasion, – comme au cours des camps et manifestations réunissant des associations ou des groupes F.S.E. appartenant à des Églises différentes -, toutes facilités devront être données aux conseillers religieux pour qu’ils puissent rencontrer les jeunes sur le lieu même du camp, participer aux cérémonies scoutes, repas, veillées, feux de camp et réunions de toutes sortes. Les chefs de camp devront se rappeler que leur premier devoir est de favoriser la vie spirituelle de ceux qu’ils ont sous leur responsabilité, et de veiller à ce que ceux-ci participent aux offices religieux selon les règles de leur confession. Ils prendront toutes mesures utiles pour que la messe soit assurée au moins chaque dimanche pour les catholiques (et même si possible, dite au camp tous les jours), que soient célébrés la Divine Liturgie pour les orthodoxes et les cultes pour les réformés. Les célébrations liturgiques ainsi que les cultes ne seront pas célébrés en commun. Les réflexions doctrinales concernant les questions oecuméniques doivent être faites selon les normes des Églises respectives.

ART. 9. Lorsqu’une association nationale de la F.S.E. s’ouvre à d’autres confessions chrétiennes, elle ne perd pas, de ce fait, son caractère de mouvement d’éducation de sa propre confession. Mais les autres confessions chrétiennes doivent, de leur côte, pouvoir assurer intégralement la formation religieuse de leurs membres avec les mêmes droits et les mêmes garanties que l’association nationale conserve pour elle-même. Les garanties suivantes leur sont assurées :
• création d’une équipe d’animation religieuse participant aux conseils des chefs aux divers échelons, selon les règles de l’association nationale;
• liberté, pour chaque confession, en ce qui concerne la formation des chefs et des jeunes:
– de créer des brevets de religion et des épreuves religieuses obligatoirement intégrées aux programmes techniques pour chaque niveau de la formation scoute;
– d’organiser des camps-écoles, sous réserve des garanties pédagogiques habituelles ou, si des garanties ne peuvent être fournies, participation à la direction des camps-écoles;
– de regrouper les jeunes, les chefs et les conseillers religieux dans des manifestations communes telles que journées de chefs, pèlerinages, retraites, etc.